Résumé — L'objectif initial est d'adapter l'expression graphique des fichiers à 3 phases d'études et trois LOD. Pour atteindre cet objectif je me base sur les échelles de représentation. J'utilise un principe baptisé le TAG, qui divise tous les stylos d'un Jeu en deux groupes TA — Techniques et Annotations — et G — Graphisme. Le résultat est une collection de 4 jeux de stylos, trois sont dédiés à l'expression graphique, et ils sont complétés par un quatrième dédié à la conception. Cette organisation me permet de faire évoluer très rapidement l'expression des documents produits.
Introduction
Parmi tous les attributs d'ARCHICAD les jeux de stylos sont un des plus complexes à maîtriser. Pourtant correctement organisés ils permettent à l'utilisateur de développer une expression graphique efficace et personnalisable à l'infini. Un petit retour sur la manière dont ARCHICAD a évolué sur ce sujet depuis 1994 va me permettre de brosser un tableau de la problématique et de son évolution. J'en déduis quelques règles et principes d'organisation que je détaille. Ces règles sont intégrées dans le modèle BIMfast
Les Jeux de stylos utilisés dans le fichier BIMfast (BF19-V09)
Historique
Les prémices
La première version que j'ai eue entre les mains en 1994 avait une structure de Jeux de stylos très sommaire. Sauf erreur ARCHICAD 4.1 avait un Jeu unique de 100 stylos. Les mises en pages se faisaient dans un éditeur externe PLOTMAKER. L'agence où j'ai appris à travailler sur cette version avait une charte très simple : Stylo 1 bleu et fin (0,18 mm) Stylo 2 rouge et moyen (0,35 mm) Stylo 3 noir et épais (0,5 mm). Toute l'expression se faisait avec ces trois Stylos et les 97 autres étaient rarement utilisés. Il suffisait ensuite de régler les stylos dans PLOTMAKER dessin par dessin au début puis en utilisant le raccourci pipette/seringue ensuite.
En 2006 le tableau s'est enrichi, l'ancien tandem est devenu un outil unique ARCHICAD 10. Entre temps le nombre de Stylos disponibles était passé à 255 probablement pour simplifier les échanges au format DWG et DXF. La fusion des deux outils a entrainé l'importation dans ARCHICAD de cette capacité magique qu'avait PLOTMAKER de multiplier à l'envie les Jeux de stylos permettant les conversions des couleurs initiales en une expression mixte noire/blanc et couleurs. Cette profusion de stylos à conduit de nombreux utilisateurs à en utiliser de plus en plus en adoptant souvent des stratégies complexes liées par exemple aux outils : série de stylos dédiés aux murs, puis aux poteaux, puis aux objets, puis à certains types d'annotation etc.
Complexité ou simplicité ?
La multiplication des stylos utilisés m'a toujours parue incongrue car très éloignée des besoins réels et particulièrement difficile à gérer maintenir et expliquer aux nouveaux utilisateurs. Bien que piégé moi aussi par cette profusion, j'ai toujours cherché à simplifier le système, et à trouver une stratégie adaptée aux réalités des besoins d'un architecte, donnant une expression graphique claire et facile à expliquer. D'un autre coté, multiplier les stylos permet en théorie de multiplier les possibilités d'expression ce qui dans certains cas est très intéressant. Il me fallait trouver un équilibre entre une complexité inutile, difficile à gérer, et une simplification à l'excès basée sur un nombre très limité de stylos comme à mes débuts.
Evolutions récentes
En 2013 avec ARCHICAD 17 est arrivé un nouvel attribut qui a révolutionné les usages des utilisateurs, les Matériaux de construction. Ce nouvel attribut a rendu utilisable une fonctionnalité déjà existante mais quasiment impossible à utiliser auparavant : l'affichage partiel des structures. A partir de cette version on a disposé d'une quantité illimitée de Matériaux de construction se connectant parfaitement entre eux, accompagnés par la possibilité d'afficher un modèle complet, un modèle constitué uniquement des structures porteuses, ou encore un modèle avec les structures porteuses et les éléments Non structurels. Devenant utilisable, cette division des couches des composites et des profils en trois sous groupes m'a permis de simplifier encore un peu plus la structure de stylos que j'utilisais.
Avec la vague récente du BIM ont commencé à se propager de nouvelles technique et de nouvelles terminologies. Il m'a fallu intégrer un nouveau concept celui de LOD. Le LOD dans le cas du BIM architecture est pris dans son acceptation de Level of Developement (Niveau de développement) plutôt que dans l'acceptation de Level of Detail (Niveau de détail). Le LOD ou niveau de développement caractérise l'avancement conceptuel et/ou de définition d'un élément de la maquette. Il peut être de niveau différent suivants les éléments.
Objectifs
L'objectif choisi pour les jeux de stylos de notre modèle BIMfast, est de proposer trois niveaux d'expression pour trois phases de conception et trois niveaux de développement (LOD) du projet. Pour réaliser cet objectif je voulais être capable de produire des documents graphiquement cohérents aux phases clef courante : phase d'esquisse, phase d'avant projet, phase projet. Pour corser le tout il fallait que cela convienne aussi quel que soit le niveau de développement des éléments : LOD200, LOD300, LOD350.
Trois échelles de représentation caractérisent bien ce choix d'expression, les échelles 1:200, 1:100, 1:50. En effet chacune peut être associée à une phase d'étude, l'esquisse correspond au 1:200, l'avant projet correspond au 1:100, le projet correspond au 1:50. On peut aussi associer les échelles à un niveau de développement, le LOD200 correspond au 1/200, le LOD300 correspond au 1:100, et le LOD350 correspond au 1:50. Cela donne une cohérence globale et permet de gérer une dissociation entre LOD et phase ou entre LOD et échelle.
Pour réaliser cet objectif il faut organiser la table des stylos de manière logique. Chaque Jeu de stylos consiste en une trame unique de 255 stylos. Chacun des stylos peut être personnalisé en couleur en épaisseur et en nom. Ce qui fait la force de ce système est que l'on peut décliner les jeux en différentes versions en faisant varier certains stylos.
Pour en tirer profit et développer une expression graphique j'ai défini plus haut un objectif, mais je n'ai pas encore détaillé le principe d'organisation. Ce principe doit composer avec deux contraintes, la première est de rester suffisamment simple pour être communicable et utilisable sans que chacun soit obligé de passer des heures à comprendre les règles. La seconde contrainte est de s'appuyer sur cette capacité versatile des jeux de stylos et utiliser leurs changement pour réaliser les objectifs choisis et développer des variantes quand nécessaire.
Principe
J'ai baptisé le principe utilisé pour les jeux de stylos de notre modèle BIMfast, le TAG. Avec le TAG l'ensemble des stylos sont divisés en deux séries nommées respectivement TA pour l'expression des éléments Techniques et des Annotations et G pour l'expression Graphique. La série TA est versatile et devra pouvoir varier en couleur et en épaisseur en fonction des objectifs définis. La série G devra être stable et variera uniquement en épaisseur suite à un changement d'échelle. Cette deuxième série va remplir le rôle des crayons de couleur ou des feutres et permettra d'atteindre des objectifs d'expression plus artistiques. Alors que les stylos de la série G restent absolument identiques dans tous les jeux afin de garantir une expression graphique stable, les stylos de la série TA varient pour produire l'expression choisie : variation suivant l'échelle d'expression ou/et du LOD et suivant la fonction de l'élément représenté.
Les stylos appartenant à la série TA sont fonctionnels et versatiles. Fonctionnels parce-qu'ils sont associés à une fonction technique (trait de coupe, motif de hachure fond de hachure) et à l'expression d'un groupe d'éléments (Structure, Finition, Autre) ou à une expression graphique spécifique (éléments techniques, élévation proche, élévation éloignée). Versatiles parce-qu'ils vont varier dans les différents jeux auxquels ils sont associés, en épaisseur et en couleur en s'adaptant à l'échelle d'expression ou du LOD (Niveau de développement).
Organisation
J'ai donc créé un Jeu de stylos pour chaque niveau d'échelle (1:200, 1:100, 1:50). Les éléments techniques dans ces trois Jeux de stylos révèlent leurs épaisseurs mais masquent leurs affectations. Comme il est difficile de travailler en les utilisant un quatrième Jeu de stylos destiné à la conception révèle ces affectations tout en masquant les épaisseurs.
Tous les Jeux de stylos sont une variante de la même base construite sur le principe du TAG. Pour atteindre une expression suffisamment élaborée j'ai dû séparer les stylos de la série TA en cinq groupes. Les deux premiers groupes sont les plus importants de tous les groupes techniques. Ils expriment les parois complexes d'un bâtiment qui quand elles sont coupées révèlent leur nature interne. Il correspondent à une part primordiale de la représentation d'un document pour l'architecte.
Groupes TMC et TRE
Le premier groupe est nommé TMC pour série Technique Matériaux de Constructions. Il est consacré à l'expression des Matériaux de construction, Structures composites et Profils complexes. Ce groupe est subdivisé en quatre sous groupes fonctionnels : Indéfini, Structurel, Non structurel, Finition. Les sous groupes Structurel, Non structurel et Finition vont être utilisés successivement au fur et à mesure qu'une paroi se complexifie pendant les études. En LOD200 les parois sont mono-couche et utilisent les stylos du sous groupe Structure uniquement. En LOD300 les parois ont une ou deux couches et utilisent les stylos des sous groupes Structure et Non structurel. A partir du LOD 350 les parois ont de nombreuses couches et utilisent les stylos des trois sous groupes Structure, Non structurel et Finition.
Le second groupe est nommé TRE pour série Technique de Rénovation. Il est consacré aux Styles de remplacement des Filtres de rénovation. Le groupe TRE est subdivisé en trois sous groupes : Existant, Démoli, Nouveau.
TMC et TRE comportent respectivement 16 et 12 stylos affectés à la représentation des parois coupées. Tous les matériaux de construction, les structures composites et les profils complexes vont s'appuyer pour leur expression graphique sur les 16 premiers stylos. Toutefois lors de l'usage des filtres de rénovation leur graphisme sera modifié par les 12 suivants.
Ces deux groupes se répartissent sur quatre lignes, les deux premières sont affectées aux traits fins et épais pour les lignes de coupes (composites et profils complexes), les deux suivantes sont affectées aux motifs et aux fonds des hachures (Matériaux de construction).
Groupes TLI, TMA et TPE
Le troisième groupe est nommé TLI pour série Technique Libre. Il est laissé libre pour l'utilisateur qui peut le personnaliser selon ses besoins pour des objectifs initialement non couverts par la charte.
Le quatrième et le cinquième groupes sont nommés respectivement TMA et TPE pour série Technique Masqué et série Technique Permanent. Le groupe TMA est consacré aux éléments du projet qui sont différenciés par des couleurs pour des besoins d'identification en cours de travail, la plupart du temps pour les lots techniques, mais ne le sont plus lors de l'impression. Le groupe TPE est lui consacré aux éléments du projet qui doivent conjuguer couleur et épaisseur de trait dans la représentation finale, leurs couleurs sont présentes et identiques dans tous les jeux de stylos mais leurs épaisseurs varient.
Deux élément de plomberie et d'électricité auront par exemple comme affectation chacun un stylo du groupe TMA, ils apparaitront ainsi colorés quand on utilisera le Jeu de stylos de conception (en cours de travail) mais seront noirs lors de l'utilisation des Jeux de stylos d'impression. Des éléments d'annotation qui doivent apparaitre en toute condition colorés utiliseront les stylos du groupe TPE.
Groupe TEX
Le sixième groupe est nommé TEX pour Technique et Expression. Il est dédié à aux expressions graphiques simples. Tout d'abord le blanc et le noir avec le stylos 19 qui doit rester blanc sans exception car il est utilisé par défaut comme couleur de fond des objects de bibliothèque, et le stylos 20 qui permet d'avoir un noir d'épaisseur moyenne dans tous les cas, pour les textes par exemple. Ensuite les stylos destinés à expression des façades des coupes et dans une moindre mesure des documents 3D, ils permettent la différentiation graphique des élément proches et des éléments éloignés ainsi que de leurs ombres.
Conclusion
Voici en illustration une vue en plan qui représente la même partie de projet exprimée avec les 4 Jeux de stylos. Attention toutefois les Jeux de stylos ne sont la seule source des variation graphiques de ces trois plans, trois autres réglages jouent et renforcent leur effet : l'Echelle de représentation, la Combinaisons de calques, et la Combinaison de Vues modèles. J'en donnerai plus loin les règles et expliquerai mes choix d'organisation.