Résumé — Les matériaux de construction sont un des attributs majeurs d’ARCHICAD. Ils permettent de gérer correctement les connexions entre structures. La charte graphique permet d’organiser leur comportement graphique en 2D comme en 3D. Leur organisation hiérarchique s’appuie sur l’affichage partiel des structures. Cela permet en outre de préparer trois LOD, LOD200, LOD300 et LOD350.

Introduction

Ayant bâti l’épine dorsale de notre expression avec des jeux de stylos appropriés, puis ayant organisé les attributs de second niveau que sont les types de lignes, les motifs de hachures et les surfaces, il nous reste à mettre en place les éléments fondamentaux de notre charte graphique, les matériaux de construction. Ceux-ci sont à la base des structures composites des profils complexes, et développent un potentiel d'expression quasi illimité. Ils permettent de donner au modèle 3D construit avec ARCHICAD une grande cohérence.


Les Matériaux de construction

Les matériaux de construction ont été pour les utilisateurs, lors de leur apparition avec la version 17, comme une de déflagration. Leur arrivée a résolu de nombreux problèmes dans la gestion des projets en 3D. On peut en détailler trois conséquences majeures.

La première conséquence a été la résolution d’un problème sur lequel tous butaient depuis de nombreuses années, celui des jonctions entre parois horizontales/inclinées et verticales. L’absence de prise en charge de ces jonctions par le logiciel poussait les utilisateurs en direction de deux types de contournements. Le premier antinomique avec la logique du BIM, hérité des techniques 2D, était de finir les coupes en les convertissant en dessin 2D déconnecté de la maquette réelle. Le second plus BIM dans l’esprit mais souvent complexe dans sa mise en oeuvre, était de réaliser ces jonctions en utilisant les outils 3D. Par exemple en modélisant les jonctions avec des profils complexes, ou encore en réalisant des opérations d’éléments solides. 

La seconde conséquence a été une plus grande précision dans les calculs de quantités, même s'il est vrai que cette seconde conséquence n’a été totalement achevée qu'avec la version 19. Deux version supplémentaires ont été nécessaires pour pouvoir en tirer complètement parti. 

La troisième conséquence a été l’arrivée de nouveaux réglages de nouvelles possibilité de personnalisation. Tous les réglages que j’avais l’habitude d’utiliser ont été à cette occasion remaniés pour tirer parti des évolutions accompagnant ce nouvel attribut. 

Ce remaniement ne s’est pas fait en un jour et il a fallu pour cela comprendre et assimiler trois aspects majeurs des matériaux de construction. Le premier aspect est leur composante graphique (nos précédents posts vous y ont en grande partie préparé). Le second aspect est leur organisation interne, notamment la hiérarchie qui les sous tend. Le troisième aspect est la manière dont on peut les associer avec les LOD, concept issu des réflexions sur le BIM.


Comportement graphique

Chaque matériau de construction est individuellement associé à un motif de hachure. Les motifs de hachures comportent un groupe baptisé MC pour Matériaux de Construction. Chaque motif de hachure est lui même associé à deux stylos (appartenant au groupe TMC), et à une surface (appartenant au groupe MC). Le groupe MC des motifs de hachures permet d’organiser le comportement des parois quand elles sont coupées, en plan pour les parois verticales ou inclinées, en coupe pour toutes les parois.

Chaque Jeux de stylos dans le modèle BIMfast comporte une série de 16 stylos appartenant au groupe TMC (pour Technique Matériaux de Construction). Parmi ces 16 stylos 8 sont spécifiquement dédiés à l’expression des motifs de hachures utilisés par les matériaux de construction et permettent de gérer leur comportement graphique.

Chaque matériau de construction est aussi individuellement associé à une surface. Le groupe MC des surfaces permet d’organiser le comportement des parois quand elles sont vues de l’extérieur en perspective, en coupe et en façade. Ce groupe MC est parfois assisté par des motifs de hachures du groupe SUR (pour Surfaces) dans le cas d’une représentation utilisant le moteur interne d’ARCHICAD, en coupe, en façade, dans tout document 3D, dans certaines perspectives, ou encore dans un rendu photo utilisant le moteur de rendu esquisse.


Organisation hiérarchique

La hiérarchie interne des matériaux de construction est moins évidente, mais a aussi une grande importance. De mon point de vue elle est à lier avec cette capacité qu’a ARCHICAD de gérer l’affichage partiel des structures et d’afficher le modèle en 2D comme en 3D de trois manières différentes : modèle entier, sans finitions, âme des éléments porteurs uniquement.

Pour tirer parti de manière efficace de cette capacité j’ai divisé l’ensemble des matériaux de construction en trois groupes principaux, ce sont du plus fort au plus faible : les matériaux structurels, les matériaux non structurels, les matériaux de finitions. A chaque groupe est attribué une série de 4 stylos dont deux pour les motifs de hachures (un pour le Motif et un pour le Fond). Pour rendre ces groupes visuellement lisibles dans le jeu de stylos de conception chaque groupe a une couleur différente : gris pour Structure, jaune pour Non Structurel, bistre pour Finition.

Ces trois groupes ne sont pas les seuls, il y en a deux qui les complètent. Un groupe de priorité inférieure aux matériaux de finition qui comporte entre autres le matériau esquisse, et un groupe de priorité supérieure aux matériaux structurels essentiellement destiné à résoudre des problèmes de modélisation.


LOD et matériaux de construction

L’intégration du concept de LOD (Level of Developpement = Niveau de développement) n’a tout d’abord pas été évident à trouver et a organiser au sein d’ARCHICAD. Puis il a fini par s’imposer à travers l’usage des structures composites.

J’avais pris l’habitude depuis de nombreuses années de faire évoluer les structures composites des projet en partant d’une nature simple mono-couche, enchaînant en fonction des phases du projet vers une nature plus complexe comportant deux voir trois couches, pour au final les adapter avec plus de couches encore au niveau des plans de consultation à la définition la plus proche de la réalisation.

Pour gérer cette évolution en suivant les LOD200, 300 et 350, j’ai attribué un LOD à chaque matériau de construction. Dans les phases initiale d’un projet un matériau esquisse de LOD200 est utilisé pour toutes les parois et si ces parois sont composites, elles ont un nom comportant LOD200.

Quand le projet évolue vers une définition plus avancée, les parois sont décomposées entre trois matériaux génériques de LOD300, STRUCTUREL, NON STRUCTUREL et FINITION et si ces parois sont composites, elles ont un nom comportant LOD300.

Lors de la phase la plus avancée de la conception les parois se voient attribuer des matériaux de LOD350 et s’approchent de la définition nécessaire pour l’exécution et si ces parois sont composites, elles ont un nom comportant LOD350.

Cette décomposition a plusieurs avantages. Tout d’abord elle permet de ne pas se préoccuper de la représentation graphique des parois trop tôt dans le cycle de la conception. En effet lors de la mise en place d'une maquette il est impératif de ne pas être freiné par un excès de détails. Des structures composites simples permettent de se focaliser globalement sur la conception, tout en préparant sur une évolution ultérieure du modèle.

Ensuite cette décomposition permet de prendre en charge progressivement les connexion complexes entre parois et matériaux de construction. Dans un premier temps une mise en collision utilisant des règles simples et systématiques permet de maintenir une maquette cohérente dans toutes les vues. Ultérieurement, quand le projet évolue et murit on peut aller plus dans le détail en passant à des parois comportant deux natures de matériaux des couches structurelles et des couches non structurelles. Enfin une fois que le projet a avancé en définition, et que cette logique binaire est devenu obsolète, on déploie des parois utilisant une palette de matériaux beaucoup plus riche.

Ainsi on peut faire avancer la définition du modèle au fur et à mesure des phases du projet, et gérer un échelonnement des problèmes sans anticiper des solutions techniquement trop avancées. Pendant les stades d'étude initiales proches de l'esquisse il est important de maintenir une maquette simple et évolutive, alors que le projet avançant vers les phases d'exécution on voudra tirer parti de la richesse d'expression que permettent les matériaux de construction. 


Conclusion

Nous voilà arrivés à la fin de la première partie de mon développement sur la charte graphique avec ARCHICAD. J’ai couvert dans cette première partie les principaux sujets liés à l’aspect graphique de la charte. J’ai essayé de montrer qu’une vision d’ensemble permet de coordonner la plupart des attributs abordés. L'attribut fédérateur parmi l'ensemble complexe des attributs étant sans conteste les matériaux de construction.

Cet exposé serait toutefois incomplet si je n’allais plus loin et détaillais dans une seconde partie tout d’abord les échelles les calques et les vues modèles, enchaînant ensuite sur les vues les clones et les mises en pages pour finir avec les jeux de publication.

Ces sujets feront l’objet des trois prochains articles.


Frank Til Breton
Architecte diplômé en 1986
Créateur de BIMfast et Tuiles Canal 3D pour ARCHICAD
Gérant de la sarl Atila Diffusion
Formateur BIM, ARCHICAD et BIMoffice
Membre de ACUA international